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Fonction caractéristique

Soit un ensemble E et soit A un sous-ensemble de E. On appelle fonction caractéristique de A, et l’on note $\chi_A$, la fonction de E dans $\{0,1\}$ définie par :
$\chi \begin{cases} \mathcal{P}(E) \longrightarrow \{0,1\} \\
A \longmapsto \chi_A \ \begin{cases}
E \longrightarrow \{0,1\} \\
x \longmapsto \begin{cases}
\chi_A{(x)}=1 \iff x\in A  \\ \chi_A{(x)}=0 \iff x\notin A \end{cases}
\end{cases}
\end{cases}$  :

Montrons que $\chi$ est bijective :

L’injectivité : Montrons que $\chi$ est injective $\iff \forall{A, B} \in E^2, \chi(A) = \chi(B)\Rightarrow A=B$

On procède par contraposée, montrons que $\forall{A, B} \in E^2, A \neq B \Rightarrow \chi(A) \neq \chi(B)$

si $A \neq B$ alors il existe un élément $x$ appartenant à l’ensemble $A \cup B$ qui n’appartient pas à $A \cap B$

Supposons : $x \in A$ et $x \notin B$

alors $\chi_A(x) \neq \chi_B(x)$

et donc $\chi_A \neq \chi_B$ soit $\chi(A) \neq \chi(B)$  CQFD

La surjectivité : Soit $\phi$ l’application de E dans {0, 1}, montrons qu’il existe un ensemble A avec $A \in \mathcal{P}(E)$ tel que $\phi = \chi_A$.

A est bien une partie de E, et on a $\forall x \in A,\  \phi(x)=1$ et $\forall x \in E \backslash A,\  \phi(x)=0 $ donc $\phi = \chi_A$ CQFD

$$\chi \ est \ bijective$$

On a donc le théorème suivant : Soit A et B deux sous-ensembles d’un ensemble E. Si les fonctions caractéristiques de A et B sont égales, alors les ensembles A et B sont égaux, autrement dit :

$$\forall(A,B) \in [\mathcal{P}(E)]^2 \ \ \chi_A=\chi_B \ \iff \ A=B$$

Propriétés de $\chi$

  • On a $\forall x \in E, \  \chi_A(x) \in \{0,1\}$

Si $\chi_A(x) = 0 \ : \ [\chi_A(x)]^2 =0$

Si $\chi_A(x) = 1 \ : \ [\chi_A(x)]^2 =1 $

Donc pour tout x :  $\boxed{[\chi_A(x)]^2 =  [\chi_A(x)]}$

Il en résulte : $\chi_A^2=\chi_A$

  • $\chi_A(x) = 0 \iff x \notin \bar{A} \iff x \in A \iff \chi_A(x)=1$
  • $\chi_A(x) = 1 \iff x \in \bar{A} \iff x \notin A \iff \chi_A(x)=0$

Donc pour tout x : $\chi_{\bar{A}}(x) = 1 -\chi_A(x)$

Il en résulte : $\boxed{\chi_{\bar{A}}= C_1-\chi_A}$ où $C_1$ désigna l’application constante égale à 1

  •  $\chi_{A \cap B}(x) =1 \iff \chi_{\bar{A}}(x) = 1 \ et \ \chi_{\bar{B}}(x) = 1$
  • $\chi_{A \cap B}(x) =0 \iff \chi_{\bar{A}}(x) = 0 \ _ou \ \chi_{\bar{B}}(x) = 0$

Il en résulte : $\boxed{\chi_{A \cap B}=\chi_A.\chi_B}$

  •  $\chi_{A \cup B}(x) =1 \iff \chi_{\bar{A}}(x) = 1 \ ou \ \chi_{\bar{B}}(x) = 1$
  • $\chi_{A \cup B}(x) =0 \iff \chi_{\bar{A}}(x) = 0 \ et \ \chi_{\bar{B}}(x) = 0$

Il en résulte : $\boxed{\chi_{A \cup B}=\chi_A+\chi_B}$

Tableau des structures

$ \small{\text{Corps} \begin{cases}\text{Anneau} \begin{cases} \text{Groupe} \begin{cases} \text{Monoïde} \begin{cases} \text{Magma} \begin{cases} (E,+) \end{cases} \text{Ensemble E muni d’une loi de composition interne +} \\ \text{Associativité : } {(x+y)+z=x+(y+z)} \\ \text{Élément neutre de + } {0_E : } \; {x + 0_E = 0_E + x = x} \end{cases} \\ \text{Tout élément admet un symétrique : } {x +(-x)=(-x)+x=0}\ \end{cases} \\ \text{Commutativité de + : } {x+y=y+x} \\ \text{Ensemble E muni d’une loi de composition interne .} \\ \text{Associativité de . : } {(x.y).z=x.(y.z)} \\  \text{Distributivité de . par rapport à + : }  {x.(y+z)=x.y+x.z}  \\ \text{Élément neutre de . } {1_E : } \; {x.1_E = 1_E.x = x} \end{cases} \\ \text{E n’est pas réduit à {0} et ainsi : } {1 \neq 0} \\ \text{Tout élément de E – {0} admet un inverse} \end{cases}}$

 

 

Cryptographie

On considère les dix caractères A, B, C, D, E, F, G, H, I et J auxquels on associe dans l’ordre les nombres entiers de 1 à 10. On note $\Omega$= {1, 2, . . . , 10}. On appelle message tout mot, ayant un sens ou non, formé avec ces dix caractères.
1. On désigne par f la fonction définie sur $\Omega$ par « f(n) est le reste de la division euclidienne de $5^n$ par 11 ».
On désire coder à l’aide de f le message « BACF ». Compléter la grille de chiffrement ci-dessous :

Lettre B A C F
n 2 1 3 6
f(n) 3
Lettre C

Peut-on déchiffrer le message codé avec certitude ?
2. On désigne par g la fonction définie sur $\Omega$ par « g(n) est le reste de la division euclidienne de $2^n$ par 11 ». Établir, sur le modèle précédent, la grille de chiffrement de g. Permet-elle le déchiffrement avec certitude de tout message codé à l’aide de g ?
3. Le but de cette question est de déterminer des conditions sur l’entier a compris entre 1 et 10 pour que la fonction h définie sur E par « h(n) est le reste de la division euclidienne de $a^n$ par 11 » permette de chiffrer et déchiffrer avec certitude un message de 10 caractères.
Soit i un élément de $\Omega$.
a. Montrer, en raisonnant par l’absurde, que si, pour tout , i < 10, $a^i$ n’est pas congru à 1 modulo 11, alors la fonction h permet le déchiffrement avec certitude de tous messages.
b. Montrer que s’il existe $i \in{\Omega}$, i < 10, tel que $a^i \equiv{1}[11]$, alors la fonction h ne permet pas de déchiffrer un message avec certitude.
c. On suppose que i est le plus petit entier naturel tel que vérifiant $a^i \equiv{1}[11]$.
En utilisant la division euclidienne de 10 par i, prouver que i est un diviseur de 10.
d. Quelle condition doit vérifier le nombre a pour permettre le chiffrage et le déchiffrage sans ambiguïté de tous messages à l’aide de la fonction h ? Faire la liste de ces nombres.

Correction :

1. Le tableau est obtenu en conservant le reste de la division euclidienne de $5^k$, $k \in{\{1;…;10}\}$ par $11$ :

Lettre B A C F
n 2 1 3 6
f(n) 3 5 4 5
Lettre C E D E

A et F donnent E. Autrement dit, E a plusieurs antécédents, on ne peut donc pas déchiffrer un message sans ambiguïté.

2. De manière analogue à la première question, le tableau est obtenu en conservant le reste de la division euclidienne de $2^k$, $k \in{\{1;…;10}\}$ par $11$ :

Lettre A B C D E F G H I J
n 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
f(n) 2 4 8 5 10 9 7 3 6 1
Lettre B D H E J I G C F A

Chaque lettre a un antécédent unique, on peut donc déchiffrer tout message avec certitude

3a. on suppose que pour tout $a\in{\{1;…;10}\}$ et que pour tout $i<10$, on a $a^i \not\equiv{1} [11]$ et qu’il existe deux entiers naturels i, j avec $1\leq j<i<10$ tels que $a^j \equiv a^i [11]$ (deux lettres ont la même image)

On a $a^j \equiv a^i [11] \Leftrightarrow a^j – a^i\equiv  0 [11] \Leftrightarrow a^j (1- a^{i-j}) \equiv 0 [11]$  or $11$ étant un nombre premier l’anneau $\mathbb Z /11\mathbb Z$ est intègre c’est à dire : $a^j\equiv{0} [11]$ ou $(1- a^{i-j})\equiv{0} [11]$

Or $a \in{\{1;…;10}\}$ , et $11$ premier, $a^j$ ne peut être un multiple de 11 donc $(1- a^{i-j})\equiv{0} [11]$

soit $a^{i-j}\equiv{1} [11]$ avec $i-j<10$ ce qui contredit l’hypothèse.

3b. on suppose qu’il existe $i \in{\{1;..;10}\}$ tel que $a^i \equiv{1} [11]$

D’après le petit théorème de Fermat, 11 étant premier on a l’égalité suivante : $a^{11-1} \equiv{1} [11]$ $\Leftrightarrow $  $a^{10}\equiv{1} [11]$ $\Leftrightarrow $ $a^i.a^{10-i}\equiv{1} [11]$ or $a^i \equiv{1} [11]$ donc $a^{10-i}\equiv{1} [11]$ ainsi 2 lettres ont la même image, on ne peut donc pas déchiffrer les messages avec certitude.

3c. D’après la division euclidienne de 10 par i, il existe q et r entiers tel que : $10=qi+r$

on a toujours d’après le petit théorème de Fermat (11 premier) : $a^{10}\equiv{1} [11]$ $\Leftrightarrow$ $a^{qi+r} \equiv{1} [11]$ $\Leftrightarrow$ $a^{q.i}.a^r\equiv{1} [11]$ $\Leftrightarrow$ $(a^i)^q.a^r\equiv{1} [11]$ or $a^i \equiv{1} [11]$ donc $a^r\equiv{1} [11]$ mais r est inférieur à i et comme i est le plus petit entier non nul vérifiant $a^i\equiv{1} [11]$ alors $r=0$ ainsi i est un diviseur de 10 : $i \in{\{1;2;5;10}\}$

3d. D’après 3a. a doit vérifier pour tout $i<10$, $a^i \not\equiv{1} [11]$. On effectue cette vérification pour $i=1$, $i=2$ et $i=5$

  • pour a=1, on a $1^1 = 1 [11]$, donc 1 n’est pas solution
  • pour a=2, on a $2^1=1 [11]$, $2^2=4 [11]$, $2^5=10 [11]$, donc 2 est solution
  • pour a=3, on a $3^1= 3[11]$, $3^2= 9[11]$, $3^5=1 [11]$, donc 3 n’est pas solution
  • pour a=4, on a $4^1= 4[11]$, $4^2= 5[11]$, $4^5=1 [11]$, donc 4 n’est pas solution
  • pour a=5, on a $5^1= 5[11]$, $5^2= 3[11]$, $5^5=1 [11]$, donc 5 n’est pas solution
  • pour a=6, on a $6^1=6 [11]$, $6^2=3 [11]$, $6^5=10 [11]$, donc 6 est solution
  • pour a=7, on a $7^1=7 [11]$, $7^2=5 [11]$, $7^5=10 [11]$, donc 7 est solution
  • pour a=8, on a $8^1=8 [11]$, $8^2=9 [11]$, $8^5=10 [11]$, donc 8 est solution
  • pour a=9, on a $9^1=9 [11]$, $9^2=4 [11]$, $9^5=1 [11]$, donc 9 n’est pas solution
  • pour a=10, on a $10^1=10 [11]$, $10^2=1 [11]$, donc 10 n’est pas solution

En définitive, l’ensemble S des solution est : $S= {\{2;6;7;8}\}$


					

Théorême de Zeckendorf

Tout entier naturel N non nul peut s’écrire de manière unique comme la somme de nombres de Fibonacci non consécutifs.
On définit la suite de Fibonacci par :

$$(U_n)_{n \in \mathbb N} : \begin{cases} U_{n+2}=U_{n+1}+U_n\\ U_0=1 \;et \; U_1=2\end{cases}$$

Les premiers termes de la suite sont :
$F_0=1$ ; $F_1=2$ ; $F_2=3$ ; $F_3=5$ ; $F_4=8$ ; $F_5=13$ ; $F_6=21$ ; $F_7=34$ ; $F_8=55$ ; $F_9=89$ ; $F_{10}=144$ $ …$

1ère remarque : traditionnellement les premiers termes de la suite de Fibonacci sont : 0 ; 1 ; 1; 2 ; 3 ; 5 ; 8 ; 13 … mais vu que le théorème ne concerne que les entiers naturels non nuls, nous faisons démarrer la suite de Fibonacci par 1.

2nde remarque : La somme peut être réduite à un seul nombre, si le nombre correspond à un nombre de Fibonacci.
Par exemple s’il on cherche la décomposition de 34 : $34=F_7$ et on s’arrête là !

3ème remarque : on considère que la décomposition de N se fera dans l’ordre croissant, ainsi on écrira $N= {\displaystyle \sum_{k=1}^n F_{C_k}}$ avec $C_{k+1}>C_{k}$ ce qui implique aussi que la décomposition est formée de nombres de Fibonacci distincts deux à deux.
4ème remarque : il est impératif que les nombres de Fibonacci ne soient pas consécutifs, en effet s’il on prend le nombre 100 :
$$100 = 1 + 2 + 8 +  89 = \overbrace{F_0 + F_1} + F_4 + F_9$$ qui est une somme où deux termes sont consécutifs : $F_0$ et $F_1$
$$100 = 3 + 8 + 34 + 55 = F_2 + F_4 + \overbrace{F_7 + F_8}$$ qui est une somme où deux termes sont consécutifs : $F_7$ et $F_8$
$$100 = 3 + 8 + 89 = F_2 + F_4 + F_9$$ qui cette fois-ci est bien une somme de termes non consécutifs.

Existence : preuve par récurrence
Pour $N=1$ on a  $1=F_0$ ce qui est vérifié

Pour $N=2$ on a $2=F_1$ qui est vérifié

Pour $N=3$ on a $3=F_2$ qui est vérifié

Et surtout pour $N=4$ on a $4=1+3=F_0+F_2$ qui est bien une somme de termes non consécutifs

On suppose que l’hypothèse est vérifiée au rang N-1 et cherchons à démontrer qu’elle l’est également au rang N

Rappelons que la suite $(U_n)$ est croissante et non majorée (la suite de Fibonacci tend vers $+\infty$ quand n tend vers $+\infty$) donc il existe un k tel que $F_k \leq{N}<F_{k+1}$

Soit $N=F_k$ et la démonstration est terminée,

soit $F_k<N$, il existe ainsi r tel que $F_k + r = N$ et donc $r=N-F_k$

r étant strictement plus plus petit que N alors d’après l’hypothèse de récurrence, r s’écrit comme la somme de nombres de Fibonacci non consécutifs, soit : $r=F_{r_0}+…+ F_{r_n}$ ainsi $N=F_{r_0}+…+ F_{r_n} + F_k $, il reste donc à démontrer que $F_{r_n}$ et $F_k $ ne sont pas consécutifs.

Rappelons qu’on a $F_k \leq{N}<F_{k+1}$ donc $F_k+r<F_{k+1}$ or d’après la définition de la suite de Fibonacci, $F_{k+1}=F_k+F_{k-1}$ ainsi $F_k+r<F_k+F_{k-1}$ soit $r<F_{k-1}$ ou encore $r=F_{r_0}+…+ F_{r_n}<F_{k-1}$ ce qui entraîne que $F_{r_n}<F_{k-1}<F_k$ ou encore que $F_{r_n}$ et $F_k $ ne peuvent être consécutifs.

Unicité : preuve par récurrence

On a bien $1=F_0$ ; $2=F_1$ ; $3=F_2$ et même $4=1+3=F_0+F_2$ décomposés de manière unique

On suppose que l’hypothèse de récurrence est vérifiée jusqu’au rang N-1, vérifions la au rang N

D’après l’existence démontrée ci-dessus, nous avons : $N= {\displaystyle \sum_{k=1}^r F_{c_k}}= {\displaystyle \sum_{k=1}^s F_{d_k}}$

Prenons les éléments maximaux de ces écritures et démontrons qu’ils sont égaux :

L’élément maximal est par définition le dernier nombre de Fibonacci de chaque décomposition, soit : $F_{c_r}$ et $F_{d_s}$. On a donc deux hypothèses, soit $c_r=d_s$ ou soit $c_r \neq{d_s}$

  •  $c_r=d_s$ et donc $F_{c_r}$ = $F_{d_s} $ donc $N=M+F_{c_r}=M+F_{d_s}$ et $M$ étant un nombre strictement inférieur à $N$, il se décompose de manière unique. Ainsi  $N$ est décomposé de manière unique.
  • $c_r \neq{d_s}$, prenons $c_r \leq{d_s}$, d’après ce qui a été dit plus haut on a $N<F_{c_r+1} \leq{F_{d_s}} \leq{N}$ ce qui est absurde et qui termine la démonstration.